L’agence

hotographe de père en fils, une vraie histoire de famille. La photographie pour lui est presque une question de génétique.
En 1984, il avait 20 ans, il a intégré l’équipe du journal EL MOUDJAHID puis celle du journal ALGÉRIE ACTUALITÉS autant que photographe pendant plus de 10 ans. Il a commencé tôt son initiation à la photographie grâce à son père Saci HADDAD, photographe professionnel qui lui a révélé les petits secrets pour obtenir des images lumineuses et expressives.

À l’âge de 14 ans, il savait déjà développer ses photos. Il photographiait les bibelots de la maison et tout ce qui accroché son regard. En 1991, il inaugure sa première exposition photographique intitulée MÉMOIRE DU TEMPS au cercle Frantz Fanon de Riadh El Feth. En 1994, il s’installe à son compte et prends la route de la création, laissant derrière lui le travail routinier du photographe de presse et ainsi sortir des sentiers battus. En 2017, après près de 35 années d’expériences, la photographie reste pour lui un contact direct entre l’âme et le cœur, il y’a rien à imaginer, ce sont ses yeux qui le guident.

Ceci étant, la photographie et la vidéo culinaire lui offre l’opportunité d’entretenir une relation privilégiée avec les autres et le rapproche d’une aventure humaine collective.

l était artiste dans l’âme. Assurément l’un des plus doués de sa génération, celle de l’indépendance. Il avait une passion, une seule, dont il fit son métier “ la photographie ”. Rien, pourtant dans son parcours ne le destinait à embrasser un tel métier et à étreindre une telle vocation.

Doublement orphelin à l’aube de son existence, la vie fût particulièrement cruelle pour lui, ne lui épargnant aucune meurtrissures. N’ayant pour seule famille qu’une petite soeur. Il se retrouva seul, livré à la rue d’une petite ville de l’époque coloniale, qui s’appelait alors St-Arnaud (El-Eulma aujourd’hui). Il dormait au Hammam et vivait d’expédients, gagnant sa vie grâce à des petits boulots aussi durs que peu rémunérateurs. Il attrapa une maladie qui devrait marquer sa chair et son destin. Cette maladie qui failli l’emporter, a marqué un tournant dans sa vie.

C’est après une longue convalescence, qu’il entreprit une formation de ce qui allait devenir sa passion première, l’art de la photographie. Cette formation qui viendra lui révéler sa vocation, sera sanctionnée par des diplômes obtenus à Hauteville d’abord, à Paris ensuite. C’est alors qu’il s’établira comme photographe et une fois sa situation assise, se mariera. En parallèle, il se livra à de discrètes activités de militantisme au sein de la fédération de France du FLN.

Aux premières heures de l’indépendance, il répondit sans hésitation à l’appel du pays, et rentra en Algérie avec sa femme et ses enfants. C’est ainsi, qu’il décida de mettre son art au service de son pays, en qualité de photographe de presse au journal El-MOUDJAHID. Il sillonnera son appareil photo en bandoulière, la nouvelle Algérie. Pionnier de la photographie de presse comme de la photographie artistique, il saura, avec finesse, jouer sur la palette de toutes les nuances. Avec cette maîtrise qui n’appartient qu’aux gens exceptionnellement doués, il saura apprivoiser la lumière d’un pays où elle coule à flot, et jouer sur la force du contraste que seule la photographie en noir et blanc autorise.

Foncièrement optimiste malgré les blessures de la vie, il était de ceux qui, nourrissant la passion exigeante de la photographie, ne voyaient la vie qu’au travers d’un téléobjectif. De tous ses voyages à l’étranger, qui l’ont mené au plus profond de l’Afrique, il a rapporté des photographies qui comptent parmi les plus expressives et, pour certaines d’entre elles, le qualificatif de chefs d’oeuvres ne serait pas exagéré. Il n’est sans doute pas excessif de le comparer à des géants de la photographie comme Robert Doisneau, Man Ray, et autres Cartier-Bresson. S’il était loin d’en avoir la renommée, son talent l’en approchait beaucoup.
Saci Haddad l’homme, était une figure particulièrement attachante. Il était une personnalité vraie, qui se livrait sans retenue. Profondément généreux, il avait le sens de l’amitié, de la convivialité et du partage. Doté d’un solide sens de l’humour, il avait le rire aussi facile que la larme. Fin gourmet et cordon bleu à ses heures, il aimait la vie et s’employait à la vivre intensément. Bel homme, il était d’une élégance raffinée. Il lui arrivait souvent, au cours des dernières années de sa vie, comme mû par la nostalgie, de faire de fréquents séjours dans la ville de sa naissance, promenant sa ronde silhouette dans les rues de son enfance, photographiant des yeux un monde qui n’était déjà plus.